6 avril 2009
Le monde "moderne" et l'argent
Pettit extrait de l'un de mes romans préférés, Eugénie Grandet, d'Honoré de Balzac.
"Les avares ne croient pas à une vie à venir, le présent est tout pour eux. Cette réflexion jette une horrible clarté sur l'époque actuelle, où, plus qu'en aucun autre temps, l'argent domine les lois, la politique et les moeurs. Institutions, livre, homme et doctrines, tout conspire à miner la croyance d'une vie future sur laquelle l'édifice sociale est appuyé depuis dix-huit cent ans. maintenant le cercueil est une transition peu redoutée. L'avenir, qui nous attendait par delà le requiem (messe en l'honneur des mort), a été transporté dans le présent. Arriver per fas et nefas (par tout les moyens) au paradis terrestre du luxe et des jouissances vaniteuses, se pétrifier son coeur et se macérer le corps en vue des possessions passagères, comme on souffrait jadis le martyr de la vie en vue de biens éternels, est la pensée générale ! pensée d'ailleurs écrite partout, jusque dans les lois, qui demandent au législateur : Que payes-tu ? au lieu de lui dire : Que penses-tu ? Quand cette doctrine aura passé de la bourgeoisie au peuple, que deviendra le pays ? "
Donc, que lire ?
En quelques mots, car là c'est faire de la paraphrase.
Pour Balzac, autrefois, les hommes subissaient le martyre de la vie, allusion aux premiers martyr de la chrétienté, qui mourraient en ayant peu de regret de quitter la vie terrestre et charnel pour être accueillis au paradis, entouré des saints, aux pied du Créateur (les "biens eternels").
Qu'en est-il du monde moderne ? On se prive, on on se martyrise matériellement pour pouvoir accéder à des biens futiles, vaniteux (qui ne durent pas).
Et ceci n'est pas associé qu'aux personnes, mais à l'Etat, qui est personnifiée et s'adresse aux personnes, à travers la loi, pour se renseigner et surtout espionner sur la nouvelle religion : l'argent.
Ce dont j'en pense, sans vouloir me comparer à Balzac. C'est impensable.
Oui, il est malheureux que l'argent prenne le dessus sur tout autre chose. Mais n'est ce qu'à l'époque moderne que cela est arrivé ? En effet, Balzac dit que depuis dix-huit cent ans l'édifice social est appuyé sur la croyance d'une vie après la mort.
D'ailleurs n'est ce pas le but de toute religion ? Expliquer qu'après la mort, une autre vie est envisagée mais sous différentes formes. Faites ceci et vous irez au Paradis, ne faites pas cela sinon vous irez en enfer !
Ne payait-on pas, parfois, des billets pour aller au Paradis, et donc effacer tous ses pêchés ? Un bon chrétien n'était ce pas celui qui payait sa dîme sonnante et trébuchante ?
Balzac conclue en se demandant ce qu'il arriverait si cette doctrine, l'avarice, passait de la bourgeoisie au peuple. Mais n'est elle pas, à l'origine, l'apanage du clergé ? L'Eglise n'était-elle pas gardienne de grandes propriétés (la base de la richesse alors, bien avant l'argent) et de beaucoup de luxe ?
Ce que Balzac appelle les "biens éternels" n'étaient t-ils pas représentés dans les églises par de belles peintures, de magnifiques dorures, la musique du paradis n'était-elle pas rendu audible par de somptueux orgues ? Tant de luxe, tant de pompe. Le clergé ressemblait sur des points, bien plus à un établissement banquaire qu'à la maison de Dieu faites pour garder le troupeau de fidèles.
Il ne s'agit pas là d'avarice, mais quand même d'entassement de richesse, de bien être vaniteux